vendredi 11 mai 2012

Passage au rythme Lao

5h30, nous prenons le mini bus quotidien qui relie le Vietnam au Laos en traversant la frontière la plus au nord. 30 minutes plus tard, première escale dans un village voisin, un vietnamien monte et se présente à nous comme un douanier. Il nous explique qu'il peut nous rendre service en échangeant nos Dongs vietnamiens en Kips laotiens. Nous n'avons pas d'autre choix que de participer à ce marché noir. En effet, nous n'avons ni dollar ni kip en poche, il était impossible d'en obtenir dans une banque vietnamienne, or ce sont les seules monnaies acceptées au poste frontière... Bref, nous changeons l'équivalent de 100€ et nous perdons 12€ dans l'affaire, il fait bon être douanier dans cette région... Nous nous réconfortons en nous disant que nous avons bien fait de refuser l'offre de notre hôtel de la veille qui nous aurait coûtée 100 000 dongs (4€ de plus). Ces transactions seront l'occasion de faire connaissance avec les autres touristes du bus, un couple de suisses et une routarde solitaire de la même nationalité.

Vers 8h30 et après une petite panne locale, nous apercevons le poste frontière vietnamien, tout se passe comme prévu, 20 minutes plus tard nous traversons les quelques kilomètres de no man's land pour atteindre le contrôle lao. A peine nous sommes sortis du bus qu'un douanier pose un appareil sur notre front, il veut prendre notre température, pourquoi pas... Nous remplissons ensuite les formulaires nécessaires et nous confions nos passeports aux douaniers tout en s’acquittant de nos frais de douane : 30$ par visa, 1$ de "frais de tampon" et une surtaxe de 2$ pour Fabien qui n'avait pas de photo d'identité, soit 64$ ramenés en Kip à un change encore une fois défavorable. Le temps que l'administration tamponne les 5 passeports de notre bus, nous sommes appelés à les récupérer 10 minutes plus tard, c'est à ce moment que les fonctionnaires nous demandent des "frais de prise de température" 2000 Kips (0,20 €) et de "service douanier" 3000 Kips, sans lesquels nous ne pouvons récupérer notre précieux passeport... Comme toutes les marchandises que transportent le bus (bobines de câbles électriques, bidons d'huile et autres sacs à la contenance inconnue), nos sacs passeront la frontière sans aucun contrôle, c'est une première !


Au moment de reprendre la route, nous sommes rejoints par deux australiens qui sont arrivés à la frontière en taxi. Nous reprenons donc cette magnifique route montagneuse, le bus traversera plusieurs rivières directement sans pouvoir utiliser les ponts en cours de construction. Au fur et à mesure des villages que nous traversons le bus se remplit d'occupants et de marchandises : une cage en bambou remplie de poules est fixée sur le toit. Finalement nous arriverons vers midi à Muang Khua, gros village dotée d'un petit port sur la rivière Nam Ou qui est d'ailleurs son seul attrait. Il nous aura donc fallu 6 heures pour parcourir les 100 kilomètres de montagne, soit une moyenne de 17 Km/h, nous avons donc déjà adopté le fameux rythme laotien ;)


Au cours du trajet en bus, nous réalisons que le couple de suisses souhaite se rendre à la même destination que nous : Nuang Khiaw. Pour cela, il faut prendre un bateau et redescendre la rivière. L'idée d'un trajet sur l'eau plait bien aux australiens qui n'ont pas de programme définit. Notre routarde suisse, quant à elle, n'est pas très motivée à l'idée de passer une nuit dans ce village pour attendre le bus du lendemain. Nous sommes donc suffisamment nombreux pour partager les frais du transport en bateau et embarquons dans une grosse pirogue à moteur.



La perspective d'une balade tranquille au fil du courant s'évapore aussitôt que le moteur de notre embarcation démarre, nous allons devoir supporter un bruit d'enfer pendant tout le voyage. Mais heureusement la vue depuis la rivière nous fait vite oublier ce désagrément. Au fur et à mesure de la descente nous croisons tour à tour des troupeaux de buffles qui se rafraîchissent, des pêcheurs qui jettent leurs filets et différentes sortes d'oiseaux. Entre deux rapides, notre route croise inévitablement des chercheurs d'or qui retournent le fond de l'eau sans se préoccuper des désastres que cela provoque ! Après quelques kilomètres nous apercevons les premières habitations, en fait la Nam Ou est l'unique voie d'accès pour de nombreux villages qui la jalonnent. Après une heure de route, nous nous arrêtons à l'un d'eux pour y faire une livraison. Notre bateau mouille alors au milieu des enfants qui se baignent, certains sortent de l'eau pour venir prêter main forte à notre chauffeur. Ça sera l'occasion d'essayer nos premiers mots de laotiens « Sabaidii » (bonjour). 


Nous ne sortirons pas totalement sec de cette expédition, entre les passages de rapide et une bonne averse à mi-parcours, nous avons éprouvé nos capes de pluie ! Après 4 heures assis sur une planche de bois, notre persévérance est récompensée par des paysages karstiques magnifiques. Pour nous remettre de cette journée de 12 heures de transport (qui s’additionnent aux 12 heures des deux jours précédents), nous choisissons une "belle" chambre avec vue sur la rivière. Demain, même si c'est vendredi, c'est le week-end : on fait rien ;)


Plus de photos sur le Laos ici.

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