jeudi 31 mai 2012

Le Lao préfère le riz gluant

Nous sommes en Asie depuis 3 mois et comme vous pouvez l'imaginer nos repas sont souvent composés ou accompagnés de riz, nous avons déjà dû en consommer quelques kilos. Nous en avons mangé sous diverses formes : soufflé, frit, en gâteau (pâte de riz), en soupe, en sushi, en nouille, en galette ou tout simplement blanc. Notre palais est désormais capable d’apprécier un bon et de déplorer un mauvais riz.

Tout au long de notre descente du Laos, nous avons été séduits par une nouvelle forme de riz : le riz gluant. C'est une variété de riz spécifique qui est cultivée dans la région depuis 4000 ans, elle représente 85 % de la production du pays.


Sa préparation nécessite de faire tremper le riz pendant 4 heures voire une nuit avant de le cuire 20 minutes à la vapeur dans un cône en bambou. Il faut le retourner à mi-cuisson. Le résultat donne un riz collant mais sec qui se sert dans des paniers en bambous. On le mange avec les mains en faisant de petites boulettes.



Le riz gluant est présent à chaque repas Lao, il est indissociable voire indispensable quand l'on commande une salade de papaye, de mangue ou encore le Laap (salade de viande ou de poisson). En effet, les laos adorent ces plats pimentés. Il parait que le nombre de piment dépend de l'âge de la cuisinière, il faut donc se méfier des mamies derrière les fourneaux ;)




Plus de photos du Laos ici.


dimanche 27 mai 2012

Plateau des Bolovens : perdus dans la pampa "en moto"


Après notre journée détente au kilomètre 40 et une nuit rafraîchissante dans la capitale du café "Paksong", nous reprenons notre boucle. Nous n'avons effectivement effectué que 50 km. Il nous en reste, sur le papier, 250 à parcourir à travers le plateau en 3 jours : facile ! Enfin, c'est ce que l'on pensait... 


Les 20 premiers kilomètres se font sur une route goudronnée assez correcte. Notre première difficulté arrive dès la première sortie de route. Nous prenons un sentier qui indique une cascade... Pas de signe de vie, un vieux kiosque de vente de ticket à l'abandon et un chemin en terre qui conserve les séquelles des pluies de mousson de la nuit passée. Tous les ingrédients nécessaires pour une petite gamelle comme on les aime ! Vu notre vitesse de croisière, les conséquences humaines sont limitées à quelques bleus qui parsèment notre bronzage avec élégance. Par contre, la moto a perdu un morceau de plastique... Que nous recollerons grâce à l'Elephant Glue en toute discrétion !

Nous finissons le sentier à pied pour un résultat assez décevant : une cascade à peine visible en raison de la végétation. 

Nous reprenons la route qui se transforme en terre au fil des kilomètres. 


Quelques minutes plus tard, nous arrivons à une fourche : aucune indication, les mêmes types de route, que faire ? Nous attendons le passage d'un véhicule. Verdict ? Selon les passagers du camion : 3 à droite contre 2 à gauche. Nous prenons d'autres avis pour nous décider ; d'autant plus que les asiatiques nous ont habitué à répondre même sans connaître les réponses. Nous finirons par prendre à gauche, nous ne savons toujours pas où menait l'autre route mais la nôtre reste mémorable ! 


Certes magnifique mais définitivement impratiquable puisqu'en construction depuis moins d'un an après l'installation d'un barrage. Engins de chantier... Camions embourbés... Tas de pierre... Mare d'eau... 


Impossible de franchir certains passages à deux sur la moto, Céline est obligée de finir à pied.


Comment ça l'office de tourisme de Paksé aurait omis de nous évoquer le sujet en nous donnant la carte de cette boucle ?
Au final, un panneau indiquait "NO ENTRY" mais pour le savoir il fallait faire la boucle dans l'autre sens... Bref, dans le sens du Lonely. Ça nous apprendra à prendre des initiatives. Au final, nous aurons mis 7h pour faire 100 km et arriver à Sékong, belle performance !


Cette épopée nous aura permis de tomber par hasard sur les magnifiques cascades Katamtok, elles aussi délaissées depuis la construction de la nouvelle route.


Le lendemain nous reprenons tranquillement la route vers Tat Lo, qui s'avère agréable. 


Nous flânons l'après midi à proximité des cascades Tat Hang et Tat Lo et échangeons avec notre hôte de "Pamalei Guesthouse" et ses amis afin de nous remettre des émotions de la veille. 


Nous partons en fin d'après midi au marché de Tat Lo pour choisir le repas du soir que nous cuisinerons sous la supervision du chef : poisson du Mékong à la mode Lao qui servira de contenu à la confection de nos spring rolls. 


Nous avons finalement partagé ce repas bien agréable avec quelques personnes du village et nous conseillons vivement cet endroit où le partage voyageurs/locaux est bien présent !


Le lendemain, nous partons pour découvrir la dernière chute de notre parcours, Tat Suong, située à 10 km de la ville. Nous nous retrouvons rapidement entourés de petits guides du village ethnique pour atteindre se qui devait être les chutes les plus impressionnantes de la zone... C'est surtout les chutes de Fabien qui étaient impressionnantes au point qu'il finisse le parcours "à la locale" c'est à dire pieds nus. En effet, le business de l'eau a gagné sur la magie du lieu... 

Peu importe la perte générée par la baisse de touristes pour le village, la perte du patrimoine naturel du pays voire plus grave le manque d'eau que peut rencontrer en saison sèche les villageois... Cette cascade s'est transformée en un petit filet d'eau et nous comprenons mieux cet attroupement d'enfant qui voyaient en nous le souvenir de l'ancien temps.




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jeudi 24 mai 2012

Plateau des Bolovens : harmonie totale avec la nature

Après être montés dans le pire bus de notre vie (bus de seconde main voire en fin de vie), nous arrivons à Pakse, principale ville du sud du pays. C'est de cette ville que démarrera notre boucle en moto sur le plateau des Bolovens où nous attendent cascades, plantations de café, bananiers, hévéas ou encore des villages ethniques... 


Avec ses 8.200 km², ce plateau ne compte que 150.000 habitants et quelques personnalités attachantes que nous avons eu la chance de rencontrer. La première a eu lieu en prenant un sentier qui conduit à l'une des nombreuses cascades de la région (au kilomètre 40 de la route 23 en direction de Paksong). 


Au bout de ce sentier se trouve le "Paradise Coffee Shop" qui porte à merveille son nom. Un petit coin de paradis, au milieu des plantations de café, ouvert il y a quelques mois par l'un de nos compatriotes d'origine Lao. Cet établissement transpire la générosité et le partage. Cette étape devait juste être la deuxième chute visitée de la matinée, finalement nous y avons passé la journée à écouter l'histoire riche du propriétaire... à découvrir les espèces végétales et animales...

...à déguster un café bio de haute qualité et les fameuses bananes caramélisées au feu...


...à admirer les projets de ce grand Monsieur... Depuis la construction d'une école pour les enfants du village où chaque voyageur est le bienvenue pour enseigner son savoir, sa langue en fonction du temps qu'il a devant lui... Au projet d'hôtellerie dont l'objectif est de mêler chaque touriste avec des solutions adaptées à chaque budget. Nous sommes curieux à l'idée de voir l'évolution de cet espace dans quelques années. Nous avons terminé la journée autour du terrain de pétanque avec d'autres visiteurs : un rappel du pays bien agréable ! 


Ce personnage a réussit, avec son coeur, à trouver la clef de l'équilibre fragile entre touristes et population locale.



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mercredi 23 mai 2012

Centre du Laos : perdus dans la pampa

Vientiane - 13h,  nous montons dans le VIP Bus rose barbie à destination de Takaek où nous sommes bercés pendant 6h par les karaokés kitchs asiatiques.


Arrivés à notre destination, nous entamons l'éternel comparatif des guesthouses et une fois de plus, le meilleur rapport qualité / prix avait déserte le Lonely ;) Après un repas traditionnel en bord du Mékong avec vue sur les temples de la Thaïlande, nous partons pour un tour de cadran de sommeil : Bonheur !


Au réveil un petit tour au centre d'information de la ville, qui est soit disant compétent pour l'organisation de trek... A l'arrivée, c'est une grande déception. Les prix proposés sont exorbitants (150€ pour 2 pour 2 jours / 1 nuit), quant il nous faut moins de 50€ pour vivre dans les mêmes conditions. L'argent va t il au village ? Aucune allusion sur le sujet. Alors payer cher pour enrichir toujours les mêmes poches, trop peu pour nous. Nous abandonnons cette idée initiale. Notre choix sera conforté en début de soirée, quand le type du centre d'information, si peu loquace le matin, nous retrouve jusqu'à notre chambre d'hôtel (on ne lui avait pourtant pas donné le nom) pour nous faire une meilleure proposition. Il aurait trouvé d'autres touristes... Je pense surtout que les commissions ne doivent pas être négligeables... Dommage, il y a tant de besoins dans ce pays, des prix prohibitifs n'aident pas à motiver les troupes et donc à aider les villages dans le besoin.

Le lendemain nous partons à l'aube pour prendre un sawngthaew (camionnette reconvertie en transport de passager avec l'intégration de 2 planches de bois en guise de siège) pour rejoindre un patelin au coeur des montagnes karstiques en plein centre du pays. 


Nous arrivons sur le place du marché vers midi de Ban Khoun Kham où nous sommes les seuls touristes aux alentours. 


Nous profitons de l'après-midi pour aller découvrir les waterfalls Tat Namsanam, situées à 3 km du village. Après avoir payés notre droit d'entrée, nous filons, accompagnés de Sopa, le chien du centre d'information qui aura fait l'intégralité du chemin avec nous. Et même s'il aura essayé de nous faire prendre quelques raccourcis le long de la rivière, il est fort probable que sans ce guide chevronné, nous aurions finis à dormir dans cette forêt dense où à 16h nous avions déjà l'impression qu'il faisait nuit. Après plusieurs tentatives échouées, nous l'avons réellement craint et objectivement avec une seule lampe torche, aucun signe de vie humaine et 1 litre d'eau... Sans parler des petites bêtes présentes dans ces lieux depuis la sauterelle multicolore au nuage de pseudos mouches. On le sentait pas vraiment ! 


Il parait même qu'il reste quelques tigres pas loin ?! Au final, nous sommes rentrés à la tombée de la nuit.

Nous avons dégoté l'une des cantines préférées de Fabien depuis le début du TDM. Je vous laisse deviner la spécialité... Du canard grillé au BBQ ! 


Nous y sommes donc retournés le lendemain, ne pouvant résister à l'odeur qui parcourait le village. 

La soirée fut agitée et nous avons rapidement compris que la nature faisait la loi ici. Armés de courage, Fabien acheva les quelques blattes volumineuses de la chambre et au petit réveil nous avons été accueillis "avec joie" par des nuages d'insectes dans la salle de bain, où une bataille effrénée à coup de jet d'eau, de sceau et de claquage de main a démarré... Sans réel succès ! 

Nous abandonnons, laissant les locaux régler ce carnage, et partons à la recherche d'une moto pour la journée. 


Nous prenons la route N°8 jusqu'au point de vue de montagnes karstiques.


Puis nous rebroussons chemin pour rejoindre les caves de Tham Kong Lo via la toute nouvelle route de 50 km. Le paysage s'avère somptueux... Un long plateau entouré d'énormes rochers où la vie s'active dans les rizières, les prés où se promènent vaches, buffles, chèvres, cochons, poules et canards, même si fréquemment c'est plutôt au milieu de la route qu'on les croise. Nous traversons des villages de maisons sur pilotis où les enfants nous attendent pour nous saluer et où le temps semble s'être arrêté. 

A vrai dire, ça fait un bien fou et on espère que le développement touristique et l'invasion chinoise ne viendra en rien perturber cette quiétude. C'est au bout de ce chemin que se trouve cette fameuse et impressionnante grotte que nous traversons à bord d'une pirogue à moteur après un accueil chaleureux des chauves-souris. Au total, ça sera 7 km de grotte parcourue avec une hauteur et largeur pouvant atteindre jusqu'à 100 mètres. Nous aurions aimé partager plus de clichés, mais ils sont assez limités puisqu'au bout de quelques minutes l'obscurité nous a rattrapés... 


Orage oblige, l'électricité est coupée dans les environs et il faudra profiter des lampes torches de nos guides pour apprécier les lieux. Au final, c'était pas plus mal pour éviter d'appercevoir le monstre de ce lieu... La plus grosse araignée du monde ! L'arrivée à l'extrémité opposée est magnifique et valait bien cette heure de bateau et ces quelques poussées de celui-ci quand l'eau venait à manquer.


Toujours est il que ce lieu et ses alentours sont magiques et nous donnent des envies de nature à l'extrême. Si notre trajet n'était pas déjà tracé, il y a fort à parier que nous troquerions l'Australie contre un petit séjour au Myanmar.

Plus de photos du Laos ici.


dimanche 20 mai 2012

De Nong Khiaw à Vientiane

Après une arrivée éprouvante à Nong Khiaw, nous y sommes restés deux nuits en profitant d'une journée "relax" avec vue sur la rivière depuis notre bungalow. 


Le temps aussi de prendre connaissance des techniques et horaires malhonnêtes des moustiques Lao. Après une attaque violente, c'est décidé : plus jamais de short au couché du soleil !

Puis nous avons repris la route en direction du sud en fin de matinée à destination de la séduisante Luang Prabang. La ville est très touristique, notamment depuis qu'elle a été inscrite au patrimoine de l'UNESCO en 1995. Mais on ne peut pas lui retirer son charme certain avec ses maisons coloniales en excellent état, ses temples et moines omniprésents, ses flamboyants qui bordent le Mékong... 


Nous sommes conquis mais nous souffrons pour la première fois d'une chaleur difficilement supportable après 11h. Dès le deuxième jour, nous adaptons donc le rythme et le programme en conservant la fréquence de 4-5 douches froides par jour. Nous prenons un Tuk-Tuk pour découvrir les cascades de Tat Kuang Si et nous découvrons avec joie ce petit coin de paradis. 


Après une balade de 20 minutes pour rejoindre le sommet de la cascade, nous la longeons afin de rejoindre le bassin de baignade où nous nous prélasserons  plus d'une heure et aurons le droit à une fish pédicure naturelle.


Le lendemain, nous nous levons avant le soleil pour assister à la procession des offrandes que nous rejoignons en vélo. Un défilé organisé et silencieux de moines qui remplissent leurs bols de riz gluant et autres offrandes. 


Malgré l'intérêt de cette cérémonie à Luang Prabang, du fait de la grande concentration de temple dans la vieille ville, nous déplorons le business organisé de certains vendeurs d'offrandes et l'indiscipline de quelques touristes qui n'hésitent pas à photographier ces religieux à moins d'un mètre avec flash tels des paparazzis, à parler à voix haute sans aucun respect pour la symbolique de cet acte. 

Après 45 minutes d'observation, nous nous rendons au marché Talat Phosy où nous sommes les seuls touristes du coin. Il est 7h, nous optons donc pour un petit déjeuner local : soupe de riz aux herbes et galette de riz garnie d'un oeuf et de petits oignons grillés. 


Ayant repris des forces, nous allons visiter le centre d'information UXO Laos avant de re-packager nos affaires car le "sleeping bus" nous attend à 20h pour rejoindre la capitale Vientiane. Une fois de plus, nous sommes plutôt agréablement surpris par ce "nouveau" moyen de transport. Chaussures enlevées avant de monter, une box pour le dîner nous y attend ainsi qu'une couverture, des toilettes à bord et une position proche de la couchette. 


Après... Ça reste local : les allées se remplissent au fil des minutes, certains dormiront à même le sol et les arrêts mécaniques auront repoussé notre arrivée prévisionnelle de 4 heures. Mais au vu de l'état des routes (quant elles existent...), cela n'a rien d'étonnant !

A Vientiane, nous retrouvons Claire & Fabien qui habitent ici depuis plus d'un an et avec qui nous partageons nos deux jours à Vientiane au rythme "expat" où la vie semble assez paisible et agréable (Merci pour votre accueil). 

Nous avons sillonné la ville à moto en visitant le marché local, le musée national qui retrace majoritairement des clichés de guerre, le temple Vat Si Saket, le plus ancien de la ville avec ses 6.400 bouddhas...


... Les temples How Pha Kaeo, ancien temple royal et Vat Si Muang, où la vie locale semble bien plus importante que la vie touristique ainsi que la montée du Patuxai, arc de triomphe local édifié en 1960 qui offre une vue sur la ville. 


Nous avons également profité des conseils pour réaliser le 2ème massage du TDM. En effet, la première tentative ayant fait des ravages à l'une de nos visiteuses indonésiennes, nous avions décidé de n'en faire que sur conseils, d'autant plus qu'il s'agit d'une petite folie pour nos budgets de baroudeurs ;)

Plus de photos sur le Laos ici.


jeudi 17 mai 2012

Un peuple si paisible, et pourtant…


En arrivant au Laos, nous ressentons assez rapidement cette faculté de la population à prendre le temps, vivre le moment présent toujours paisiblement… Un véritable art de vivre Lao. Et pourtant, l’histoire ne les a pas épargnés et encore aujourd’hui ils payent de leurs vies nos passages sur leurs terres… Malgré ce lourd passé, ils conservent le sourire à chacun de nos passages !


En effet, le Laos reste le pays le plus bombardé au monde au cours de la guerre du Vietnam. Aujourd’hui encore, les séquelles se font ressentir puisque c’est plusieurs millions de bombes (UXO – UneXplosed Ordonance) qui se retrouvent éparpillées dans la nature, 25% des villages Laos concernés, ce qui cause près d’un décès par jour. Des enfants qui jouent autour de leurs habitations, des villageois que les cherchent pour les revendre (0,50€ le kilo) et ainsi nourrir leurs familles… On les retrouve aussi bien dans certaines constructions architecturales voire dans les halls d’hôtels en exposition. Nous avons été visiter le centre d’information UXO Laos qui utilise les donations pour désamorcer ces engins mortels. Au global, il faudra plusieurs centaines d'années pour anéantir les vestiges de la guerre…

En parallèle, certaines communautés sont malmenées, considérées comme des traitres pendant cette guerre. Nous nous sommes intéressés aux H’mongs que nous avions croisés lors de notre arrivée à Bac Ha, puis tout au long du chemin vers le Laos. Nous avons donc souhaité en savoir plus sur ces peuples qui semblent vivre en dehors du temps, de notre temps. A vrai dire, ce que nous avons lu à leur sujet, nous a marqué et c’est pourquoi nous le partageons avec vous aujourd’hui… 


Il s’agit d’un peuple originaire des montagnes du sud de la Chine, installé au nord du Vietnam et du Laos au XIXème siècle à la suite d’une persécution chinoise. Au XXème siècle, ils ont été alliés des français lors de la guerre d’Indochine, puis engagés aux côtés des Etats-Unis durant la guerre du Vietnam. Le retrait des troupes américaines et l’arrivée d’un gouvernement communiste au pouvoir n’ont pas aidé leurs sorts. Considérés comme des traitres, une partie d’entre eux ont quitté le pays après 1975 vers la Thailande (où ils ont le statut d’immigrant illégal et sont souvent emprisonnés), la France et les Etats Unis.

Toujours est-il qu’à l’heure actuelle, les représailles des armées Laotiennes et Vietnamiennes envers cette population ont toujours lieu allant jusqu’à l’extermination… Notamment à l’occasion des récoltes de nourriture, les femmes et enfants sont également ciblés par ces actes barbares. Un réel génocide mis en évidence notamment lors d’un « Envoyé Spécial » en 2005 mais sans que cela ne génère de décision gouvernemental malgré la « Requête pour la survie » communiquée à cette occasion !


Pour nous, les guerres du siècle passé nous semblent bien loin mais de l’autre côté de la planète certains continuent à en payer les conséquences dans le silence le plus total de nos gouvernements.


vendredi 11 mai 2012

Passage au rythme Lao

5h30, nous prenons le mini bus quotidien qui relie le Vietnam au Laos en traversant la frontière la plus au nord. 30 minutes plus tard, première escale dans un village voisin, un vietnamien monte et se présente à nous comme un douanier. Il nous explique qu'il peut nous rendre service en échangeant nos Dongs vietnamiens en Kips laotiens. Nous n'avons pas d'autre choix que de participer à ce marché noir. En effet, nous n'avons ni dollar ni kip en poche, il était impossible d'en obtenir dans une banque vietnamienne, or ce sont les seules monnaies acceptées au poste frontière... Bref, nous changeons l'équivalent de 100€ et nous perdons 12€ dans l'affaire, il fait bon être douanier dans cette région... Nous nous réconfortons en nous disant que nous avons bien fait de refuser l'offre de notre hôtel de la veille qui nous aurait coûtée 100 000 dongs (4€ de plus). Ces transactions seront l'occasion de faire connaissance avec les autres touristes du bus, un couple de suisses et une routarde solitaire de la même nationalité.

Vers 8h30 et après une petite panne locale, nous apercevons le poste frontière vietnamien, tout se passe comme prévu, 20 minutes plus tard nous traversons les quelques kilomètres de no man's land pour atteindre le contrôle lao. A peine nous sommes sortis du bus qu'un douanier pose un appareil sur notre front, il veut prendre notre température, pourquoi pas... Nous remplissons ensuite les formulaires nécessaires et nous confions nos passeports aux douaniers tout en s’acquittant de nos frais de douane : 30$ par visa, 1$ de "frais de tampon" et une surtaxe de 2$ pour Fabien qui n'avait pas de photo d'identité, soit 64$ ramenés en Kip à un change encore une fois défavorable. Le temps que l'administration tamponne les 5 passeports de notre bus, nous sommes appelés à les récupérer 10 minutes plus tard, c'est à ce moment que les fonctionnaires nous demandent des "frais de prise de température" 2000 Kips (0,20 €) et de "service douanier" 3000 Kips, sans lesquels nous ne pouvons récupérer notre précieux passeport... Comme toutes les marchandises que transportent le bus (bobines de câbles électriques, bidons d'huile et autres sacs à la contenance inconnue), nos sacs passeront la frontière sans aucun contrôle, c'est une première !


Au moment de reprendre la route, nous sommes rejoints par deux australiens qui sont arrivés à la frontière en taxi. Nous reprenons donc cette magnifique route montagneuse, le bus traversera plusieurs rivières directement sans pouvoir utiliser les ponts en cours de construction. Au fur et à mesure des villages que nous traversons le bus se remplit d'occupants et de marchandises : une cage en bambou remplie de poules est fixée sur le toit. Finalement nous arriverons vers midi à Muang Khua, gros village dotée d'un petit port sur la rivière Nam Ou qui est d'ailleurs son seul attrait. Il nous aura donc fallu 6 heures pour parcourir les 100 kilomètres de montagne, soit une moyenne de 17 Km/h, nous avons donc déjà adopté le fameux rythme laotien ;)


Au cours du trajet en bus, nous réalisons que le couple de suisses souhaite se rendre à la même destination que nous : Nuang Khiaw. Pour cela, il faut prendre un bateau et redescendre la rivière. L'idée d'un trajet sur l'eau plait bien aux australiens qui n'ont pas de programme définit. Notre routarde suisse, quant à elle, n'est pas très motivée à l'idée de passer une nuit dans ce village pour attendre le bus du lendemain. Nous sommes donc suffisamment nombreux pour partager les frais du transport en bateau et embarquons dans une grosse pirogue à moteur.



La perspective d'une balade tranquille au fil du courant s'évapore aussitôt que le moteur de notre embarcation démarre, nous allons devoir supporter un bruit d'enfer pendant tout le voyage. Mais heureusement la vue depuis la rivière nous fait vite oublier ce désagrément. Au fur et à mesure de la descente nous croisons tour à tour des troupeaux de buffles qui se rafraîchissent, des pêcheurs qui jettent leurs filets et différentes sortes d'oiseaux. Entre deux rapides, notre route croise inévitablement des chercheurs d'or qui retournent le fond de l'eau sans se préoccuper des désastres que cela provoque ! Après quelques kilomètres nous apercevons les premières habitations, en fait la Nam Ou est l'unique voie d'accès pour de nombreux villages qui la jalonnent. Après une heure de route, nous nous arrêtons à l'un d'eux pour y faire une livraison. Notre bateau mouille alors au milieu des enfants qui se baignent, certains sortent de l'eau pour venir prêter main forte à notre chauffeur. Ça sera l'occasion d'essayer nos premiers mots de laotiens « Sabaidii » (bonjour). 


Nous ne sortirons pas totalement sec de cette expédition, entre les passages de rapide et une bonne averse à mi-parcours, nous avons éprouvé nos capes de pluie ! Après 4 heures assis sur une planche de bois, notre persévérance est récompensée par des paysages karstiques magnifiques. Pour nous remettre de cette journée de 12 heures de transport (qui s’additionnent aux 12 heures des deux jours précédents), nous choisissons une "belle" chambre avec vue sur la rivière. Demain, même si c'est vendredi, c'est le week-end : on fait rien ;)


Plus de photos sur le Laos ici.